Les bureaux campus présents dans la Silicon Valley sont progressivement devenus des villes à part entière, comprenant tous les aspects de la vie des collaborateurs qui y vivent : restauration, club de sport, garde d’enfants, etc. Le Googleplex (chez Google, s’il faut le préciser) est un univers autosuffisant élaboré pour garder les collaborateurs épanouis et au travail non-stop. Pensé sur le modèle du campus de l’université de Stanford, le Googleplex est conçu pour garantir une transition des plus limpides entre l’université et la vie active. L’aménagement des bureaux est réalisé de façon scientifique (mesures, tests et validation par des données chiffrées).
Comme l’explique Laszlo Bock, l’ancien DRH de Google, aménager les bureaux est une science. Il insinue qu’il n’était pas possible d’aménager correctement les bureaux avant d’être capable d’exploiter les données, les “big datas”. Ce que Google sait faire. L’approche scientifique laisserait ainsi penser que l’aménagement des bureaux ne peut que s’améliorer, puisque la science ne cesse d’avancer.
Pourtant, l’âge d’or du bureau traditionnel est largement derrière nous. Bien que le freelancing et l’entrepreneuriat ne touchent qu’un nombre encore « faible » des actifs français, cette tendance en hausse altère en profondeur notre rapport au théâtre classique du travail de bureau, dirigé par la règle des unités de lieu, de temps et d’action.
Le télétravail, même partiel, est un argument pour attirer les talents. Il est, par exemple, devenu compliqué d’attirer un expert IT sans proposer de la flexibilité, tant sur les horaires que sur le lieu de travail. C’est d’ailleurs pour éviter le désormais dépassé “métro-boulot-dodo” que les profils informatiques choisissent de plus en plus le freelancing.
Le nombre de personnes travaillant hors des bureaux est en hausse constante. Et cette tendance ne semble pas vouloir s’arrêter. Avec l’essor du travail indépendant et du management en “mode projet”, la tendance est à la fuite des bureaux. De nombreux bureaux “nomades” ont vu le jour. Certaines sociétés ont même franchi le pas d’abandonner totalement leurs bureaux… Pour ne réserver des espaces que ponctuellement, lors de réunions et événements prévus pour réunir les collaborateurs. Pour synthétiser, la possible disparition des bureaux est donc la conséquence de plusieurs phénomènes : la révolution tech, la montée du travail “à la demande”, et la hausse des prix de l’immobilier.
Effectivement, les récentes évolutions ont modifié les attentes de nombreux travailleurs : la flexibilité du temps et du lieu de travail devient ainsi pour eux un critère de plus en plus important. Souvent plus que le confort du bureau en tant que tel. Évidemment, un bureau agréable et bien pensé est toujours apprécié, mais il compte moins que les modes de management et la possibilité de travailler en autonomie. À titre d’exemple, Google toujours, prend le plus grand soin à l’aménagement des bureaux et encourage ses employés à y passer du temps, mais elle laisse également libres chacun d’organiser leur charge de travail et de télétravailler de temps en temps pour se focaliser sur un projet.
Pour garder leur attractivité, les entreprises devront être capables d’offrir à leurs employés de la flexibilité en matière d’espace de travail ; avec un bureau agréable, des équipements appropriés pour qu’ils puissent travailler à distance, mais aussi la possibilité d’utiliser des espaces de coworking, etc. L’idée qu’il existe un aménagement des bureaux idéal qui convient à tous s’évapore…