Skip to content

Manuel de survie en période d’essai

Quand le contrat d’embauche (ou la lettre de nouvelles conditions d’emploi pour les promus) est signé et que le jour « j » est arrivé, le nouveau, que j’appellerai dorénavant « Lenouveau », entre dans la phase action de son projet. Jusqu’à présent c’était de la rigolade. Lettre, CV, prétentions (quel terme bizarre pour parler de la rémunération d’un travail), tests, entretiens en nombre… Le parcours de Lenouveau n’est pas de tout repos. Mais après les haies on attaque maintenant la course de fond, pour ne pas dire le parcours du combattant, voire même parfois celui du risque ? This is for real.

 

Le premier jour : une seule chance de faire une bonne première impression

« Ah tiens vous voilà ! C’est aujourd’hui que vous commencez ? Ça tombe mal : Le DGA me retient toute la journée pour examiner le S2, non le T4, enfin vous voyez… Je vais vous mettre dans les mains de Madame Sourire Café Croissant qui va prendre soin de vous. Ne vous inquiétez pas tout ira bien, elle a l’habitude » !
Ou bien, plus structuré : « Après la visite médicale, vous déjeunerez à la cantine (2 par table et plexiglas) avec l’Assistante RH qui vous montrera votre bureau, ou vous pourrez prendre connaissance de vos codes d’accès et consulter sur le serveur les toutes dernières publications et le résumé en 52 slides de nos règles internes. Je passerai vous prendre pour vous présenter à votre équipe vers 18.30… ».
De son côté Lenouveau aura tendance à se mettre en règle avec l’adage : « Il faut faire bonne impression, la première impression est la bonne ». On entre là dans le domaine des préjugés et du délit de sale gueule potentiel.
En fait tout va se jouer autour de l’écart qui existe entre le rôle que vous vous donnez et celui que les autres vous attribuent. À court terme 4 observations majeures vont créer la fameuse impression.

 

  • Les dix premiers mètres : allure physique, habillement, port de tête, démarche, style vestimentaire… L’habit va faire le moine même si la sagesse populaire s’en défend. Le conseil du coach ? Venez dans le même style que celui de celles et ceux que vous avez rencontrés pour le recrutement. Normalement ça doit passer. Donc si l’habit ne fait pas le moine, c’est quand même le moine qui choisit sa robe de bure. Vous affinerez demain si vous pressentez que vous allez jouer au baby foot avec le Président.
  • Les dix premiers mots : caler votre niveau culturel, votre familiarité ou encore vos origines au travers de votre accent, du choix des mots, des formules, la manière de vous adresser aux autres. Il y a un énarque à accent du Sud-ouest devenu Premier Ministre. Donc pas de panique avec ce critère.
  • Les dix premiers gestes : comment ne pas évoquer la fameuse poignée de main (chaude, froide, molle, moite, rugueuse, franche…) qui permet aux experts de vous situer immédiatement (les mêmes qui vous imposent 7 étapes dans le recrutement pour être sûrs). La manière de vous asseoir, de vous recoiffer… Le langage postural est très expressif et signifiant. Essayez donc de dire non en opinant de la tête ! Chassez le naturel, il revient au galop.
  • Les dix premiers regards : vous serez évalués d’un seul coup d’œil, en un clin d’œil. On vous aura à l’œil. Le regard non plus ne peut mentir « les yeux dans les yeux » est un sport de Président (Mitterrand VS Chirac 28 avril 1988). Ne fuyez pas, ne provoquez pas.

À ce stade, 2 remarques s’imposent.

    1. Dites-vous que l’on a toujours le droit de se tromper, l’important étant de ne pas persévérer.
    2. Ce qui importe c’est que vos choix soient cohérents et que vous soyez à l’aise dans le rôle et la situation.

Naturel, confiant et détendu. Cela devrait suffire pour revenir demain.

 

La semaine de tous les dangers

Lenouveau va maintenant rencontrer une partie des protagonistes de la suite de l’histoire. Ils le connaissent peu ou pas. Il arrive avec une réputation faite de ouï-dire et de rumeurs.
Le changement de manager peut faire naître ou renaître les vieilles craintes liées à la relation d’autorité. Il peut engendrer la peur d’être remis en cause ou de ne pas être à la hauteur chez ses collaborateurs… Chacun réagira à sa manière, en s’impliquant, en baissant les bras ou encore en combattant l’importun. Le départ de l’ancien manager oblige les salariés à entreprendre le deuil de cette époque avant d’envisager l’avenir.

Lenouveau va donc prendre le temps de faire connaissance avec tous puis avec chacun, de rassurer les salariés sur la vision qu’il a du passé et de l’avenir. L’avis éclairé de N+1 sera écouté religieusement et rangé dans un coin : attention aux préjugés dans ce domaine aussi.  Sortir de son bureau et visiter chacun sur son terrain sera très apprécié.
Pour la survie de Lenouveau et son confort c’est aussi le moment de mettre en place sans tarder les rituels et les modes de travail qui lui tiennent à cœur. Citons quelques exemples :

  • Porte du bureau (pour ceux qui ont encore cet accessoire) ouverte ou fermée. Il est de bon ton de la laisser ouverte mais alors pourquoi avoir mis une porte ? Il vaut mieux fermer lorsque l’on travaille et ouvrir lorsque l’on est disponible. Il y aura des pour et des contres. Peu importe.
  • Café du matin et parlotte style café du commerce : c’est bien pour 15 minutes. Après on dépense un temps précieux, celui où l’on est le plus en forme. Rien d’important ne devrait s’échanger là, au hasard du « passe moi le sucre ». Il y a énormément de fonctions où il n’est pas possible de dire bonjour à tout le monde en débitant banalités et billevesées. Il suffit de dire bonjour au fil des rencontres de la journée sans s’imposer d’obligation. De plus en tant que manager il se peut que Lenouveau dérange dans l’espace convivialité (la cuisine quoi), où il n’est toléré que quelques instants, car c’est aussi le lieu, que vous le vouliez ou non, où les N+1 se lâchent, y compris contre vous.
  • Réunions : (hors assaut viral) 60 à 90 minutes devraient suffire à gérer des problèmes étudiés et préparés avant la réunion. Au-delà c’est un plaisir pervers, un manque de discernement ou un manque de technique. Essayez donc de définir une heure de fin, un temps pour chaque sujet et un gardien du temps. Laissez vos adjoints animer vous aurez les mains plus libres pour trancher.
  • Les chronophages : ils doivent comprendre vite que la promotion s’obtient par le travail et non par les courbettes… Encore que… Ici ou là ? Lenouveau doit faire respecter son temps de travail et ses rythmes. Il en va de sa survie.
  • Les mails : Lenouveau doit gérer ses travers avant d’exiger des autres. La frugalité semble devenue une exception dans ce domaine. C’est presque une mesure du degré d’importance du plaignant. Les « j’ai encore 250 messages en retard » ne génèrent pas de compassion si Lenouveau en envoie régulièrement une brouettée vers 2 heures du matin.

Le nouveau poste de Lenouveau est l’occasion pour lui de se débarrasser de mauvaises habitudes, de méthodes de travail inefficaces ou chronophages, de pourchasser sa tendance à la procrastination et de créer des relations d’équipe performantes. Performantes c’est à dire respectueuses de l’objectif à atteindre mais aussi du bien être des individus dans ce contexte.
Lenouveau dans sa nouvelle conduite intérieure devra quand même être prudent et progressif pour ne pas générer un excès de stress dans l’équipe. Il s’agit de faire évoluer vers de bonnes pratiques en restant dans la zone de confort, pas de révolutionner. D’ailleurs la révolution fait rarement florès chez le big boss… Autant ne pas se faire désavouer trop vite.

 

Les 4 lois pour aborder sa nouvelle vie

Bien sûr Lenouveau n’est pas né de la dernière pluie : il a étudié le management là où il fallait (sinon il gère son complexe d’imposteur tranquillement), il a déjà roulé sa bosse dans différentes structures du top 10, suivi les enseignements des gourous du moment et « séminarisé » dans les plus beaux hôtels. Mais a-t-il intégré dans son action quotidienne quelques grands principes de bon sens ? Pour mémoire et sans être exhaustif :

Loi de Murphy : Tout ce qui peut mal tourner va mal tourner.
Grande réflexion sur le sujet à Flamanville ces temps-ci.

Loi de Pareto : 80 % des résultats sont produits par 20% des efforts.
Surveillez les besogneux, ils fonctionnent à l’envers.

Loi de Parkinson : Le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour le faire.
Un peu de stress vaut souvent mieux qu’un effectif pléthorique.

Loi de Illich : Après un certain temps de travail la productivité va décroître, voire devenir négative (par les erreurs générées).
À la fin de la journée allez donc au cinéma ou voir des amis, c’est le meilleur remède au burn-out.

 

Évolutions et transitions

Les changements professionnels sont toujours des moments déstabilisants, puisque l’évolution recherchée suppose de quitter le confort dans lequel on est (si tout va bien), ou de quitter l’inconfort dans lequel on est (si ça se passe mal) pour se projeter dans l’inconnu en espérant trouver mieux. Ces changements vont nécessiter de traverser des périodes de transitions. Souvent redoutées, rarement fatales, elles sont l’occasion de revoir ses modes de management et de travail et de redéfinir son rôle et de prendre de nouveaux défis. Donc le plus souvent plus de peur que mal, surtout si l’on aborde cette période comme une opportunité avec sérénité : tout ceci n’est au fond qu’un jeu de rôle un peu complexe, passionnant si l’on arrive à regarder ce qui se passe au lieu d’écouter ce qui se dit.

 

Quelques témoignages de coachés pour finir

« Ne pas arriver avec des à priori, comprendre ce qui marche avant de changer. Par la suite la difficulté est de garder du recul lorsque l’on est dans l’action. Il faut échanger et prendre des avis extérieurs : Comité stratégique, appartenance à des groupes d’entrepreneurs, le coaching est également un excellent miroir. » Olivier.

« 1er challenge : S’intégrer, se faire accepter et au final s’imposer comme le dirigeant, tout en « tuant » le père (ce dernier ayant plus ou moins de mal à partir).
2ème challenge : faire muter son service (informatique, organisation, métiers) tout en en gardant la colonne vertébrale : autrement dit : garder l’ADN tout en s’adaptant à la nouvelle donne » Edouard.

« S’attendre à être testé et évalué, ce qui est normal, attention toutefois à ne pas récupérer les casseroles, les dossiers minés et des situations humaines inextricables dont on avait oublié de vous parler ». Isabelle.

Un grand merci à Christine pour ses apports de professionnelle modulés par un solide bon sens qui ont permis d’adoucir les points de vue du coach.

Article partenaire,

Par Bruno DECOLASSE – Associé Évolution & Transitions – Coaching professionnel

Contact : evolutionettransitions@gmail.com

Téléphone : 06 21 05 37 79

Site : evolutionettransitions.com