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Télétravail et risque de « biais de proximité » : les salariés s’inquiètent

Biais de proximité : les télétravailleurs sont-ils défavorisés ?

Comme de nombreux Français et françaises, vous télétravaillez. Tout se passe plutôt bien. Vos relations hiérarchiques sont fluides, aucune difficulté particulière à réaliser vos missions depuis votre domicile. Bref, aucun souci majeur n’est à déplorer. Pourtant, vous ne pouvez pas vous empêcher de penser que vous devriez peut-être aller au bureau un peu plus souvent. À l’instar de votre collègue, qui est présent 4 jours sur 5 au bureau et qui vient tout juste d’avoir une promotion. Une simple coïncidence très certainement. Toujours est-il que vous n’êtes pas seul à vous poser cette question. Une récente étude LinkedIn, largement reprise depuis, indique ainsi que 52% des salariés pensent que les personnes régulièrement vues sur leur lieu de travail ont plus de chances d’être favorisées par leur patron.

D’où notre interrogation : le télétravail accentue-t-il vraiment le biais de proximité ?

Le biais de proximité, qu’est-ce que c’est ?

Il est défini par la tendance à se soucier davantage de ce qui se passe dans le présent que de ce qui se passera dans le futur. Lorsqu’on donne le choix, les gens sont enclins à favoriser les récompenses immédiates à celles disponibles après un délai. Ce qui implique que la valeur des récompenses différées par rapport aux récompenses plus immédiates est restreinte.

Le biais de proximité est l’un des nombreux biais cognitifs connus, ces mécanismes de pensée qui poussent donc notre cerveau à faire des raccourcis. Au départ, il est utilisé pour désigner notre propension à favoriser ce qui nous procure une satisfaction immédiate, plutôt que ce qui nous plairait sur le long terme (ce qui est typiquement le cas des comportements addictifs). Par extension, il décrit également le fait de valoriser le présent plutôt que le futur, ce qui est proche de nous plutôt que ce qui est lointain. Dans le contexte professionnel, cela revient ainsi à favoriser ce qui est sous nos yeux : le collègue présent au bureau plutôt que celui en télétravail.

Voir un salarié présent au bureau créerait donc un raccourci dans notre cerveau, qui nous conduirait à penser que la personne à distance travaille peut-être moins, vu qu’on ne peut pas la voir physiquement en train de travailler. Une sensation ressentie par la majorité des salariés et des dirigeants, selon cette étude LinkedIn.

Les salariés redoutent des effets négatifs sur leur carrière – loin des yeux, loin du cœur ?

Si le télétravail est aujourd’hui largement plébiscité par les salariés, la culture du présentiel reste forte du côté des dirigeants. Du coup, certains télétravailleurs s’interrogent : moins venir au bureau pourrait-il freiner leur carrière ?

La flexibilité du lieu de travail n’aurait pas que des avantages : certains craignent ainsi un « biais de proximité » pénalisant les salariés qui choisissent (ou pas) de travailler à distance.

Le télétravail entraîne-t-il véritablement un « biais de proximité » qui consisterait à privilégier l’avancement d’un collaborateur en présentiel plutôt que celui d’un télétravailleur, à compétences égales ?

Selon l’étude LinkedIn publiée en novembre dernier, 4 salariés sur 10 pensent que le télétravail aura un impact sur l’évolution de leur carrière, et parmi eux, 85 % estiment que cet impact sera négatif. Mais surtout, ils sont aussi 52 % à considérer que ceux qui sont régulièrement vus sur leur lieu de travail ont “plus de chances d’être favorisés” (même inconsciemment) par leurs responsables hiérarchiques.

Bien que la moitié des salariés (50 %) déclarent qu’ils préféreraient un mode de travail hybride combinant bureau et domicile s’ils avaient le choix, ils craignent ainsi que moins venir au bureau pourrait leur porter préjudice.

Malgré tout, cette forme de travail est de plus en plus populaire : une offre d’emploi mentionnant le télétravail a 19% plus de chance d’être consultée et reçoit 12% de candidatures en plus.

Ne pas succomber au présentéisme

Si les professionnels ont l’impression qu’ils doivent être au bureau pour progresser dans leur carrière, nous risquons de gommer toutes les évolutions (progrès) réalisées au cours des derniers mois. Pour que ce nouveau monde du travail fonctionne véritablement, nous ne devons donc pas succomber au présentéisme.

Dans un contexte où le télétravail risque encore de s’étendre, il semble fondamental de ne pas désavantager les télétravailleurs. À chacun de montrer son implication. L’important est de ne pas s’isoler et de rester visible pour ne pas éveiller de potentiels soupçons mal venus. Du côté des dirigeants, il serait indispensable également qu’ils fassent preuve de plus d’empathie et de bienveillance envers ceux qui sont éloignés physiquement, en parallèle d’une mise en place d’outils adaptés au bon fonctionnement du télétravail.